Marie

Call me humain dragon Sick by repeating the same sentence « You’re going to die anyway »

Marie le dragon
C’est un mélange
C’est une mélasse
La merde d’un ange et les vomissements d’un petit diable
Un mélange
De «  tu me tues, tu me tues »
Le silence, le repas pourri sur la table
Et le ciel
Les cris non-stop de l’enfant
Et le ciel
Le sourire d’une hirondelle
Et le ciel
Un mélange
La lumière au fond du mur
Et l’attente, les larmes et la honte, une arme et la main tremblante, une âme et le cœur en vente, l’impuissante haine de l’enfant et la mère qui chante
Et la mère suicidaire
Et Marie
Le ciel
Le bruit de la porte et «  Marie tu me tues, tu pourris l’air »
Et le beau sens
Et la bête qui sort
Marie le dragon

C’est un mélange…
Une mélasse, masse informe
Explosion inanimée
Chose confuse mal fagotée
Liant du tout avec du rien
Nourriture crûement mâchée
puis recrachée

C’est le mélange
De l’absurdité et du temps
De la souffrance et du vide
De l’absence et de l’espace
De l’espoir et d’un mouroir

C’est un mélange
Ce n’est rien
Qu’un mélange
Ce n’est rien
Ce n’est rien

C’est du rien en trop
C’est du trop dans le champ de vision
C’est la poussière dans l’oeil
L’accouphène continu
Le cor sous le pied
C’est un mélange de
Ce qui ne doit pas se voir
C’est laid
Ne doit pas se sentir
Ca pue
Ne doit pas se manger
Ne doit pas se toucher…

Ce qui ne doit pas se dire.

Ce mélange…
Apre bataille
C’est la vie et la mort
Jouant des coudes
Sans jouissance
Dans le cœur de Marie
Dans le cœur du Dragon
Petit boum
Petit boum
Un grand BOUM…

Le ciel
l’attente, les larmes et la honte, une arme et la main tremblante, une âme et le cœur en vente, l’impuissante haine de l’enfant et la mère suicidaire qui chante
Marie le dragon.
La poussière
Dans les bras
Dans l’œil
Dans le sang
Dans le cœur.

Audrey Chambon & Khalid EL Morabethi

L’Homme roi

Entre le démon penseur et l’âme puante,
Entre la joie forcée du père et sa fille qui chante,
Entre les ‘’ Boum Boum ‘’ d’un cœur et c’elle d’une bombe,
Entre la terre et l’argent qui tombe,
Du ciel,
Entre la terre prise et l’homme qui prie,
Le ciel,
Entre le baiser de malheur et ses rêves qui ne lui appartiennent pas,
Entre la mort proche et tout ce qui ne se réalisera pas,
Entre son pistolet bien chargé et sa faiblesse,
Entre le regard de sa fille et la peur qu’elle se blesse,
Entre le démon penseur et l’âme puante,
La mère n’est que souriante. 

Quel lourd carcan
Pour un seul, quel poids !
Peut-être serait-il temps
De cesser d’être roi.

Responsable de tout,
Lâche donc la pression, Homme,
Car tu n’es maître de rien
Et n’es pas seul en ce royaume.

Dans ta tête violemment s’ébat
Le manichéisme des valeurs
D’un monde pourtant en soi
Fait de nuances de couleurs.

Ecoute ta fille, écoute la mère,
Dans leurs mains résident les secrets
Tellement présents, jamais cachés
D’une vie que tu trouvais amère.

Partage donc ta puissance
Et avec elles tisse la toile
Qui te portera, bienveillante
Vers ce ciel que ton égo voile.

 

Poème en duo avec Khalid El Morabethi

La pluie, de Khalid el Morabethi

La pluie
Lourdement tombe,
Sur quelques tombes,
Sur une question ‘’ De quoi suis-je coupable ? ‘’
Sur un vase oublié, posé sur une table,
Sur une fleur, sur un cœur d’un corbeau qui meurt.
La pluie
Tombe,
Au-dessus des organes glissants,
Au-dessus des sans organes dans une salle d’attente
Et les infirmières souriantes leur proposent une mort lente.
Elle pleut sur les longs couloirs de l’hôpital,
Elle pleut sur les longs couloirs d’une mémoire absente,
Une mémoire qui cherche des yeux bleus au fond des foules,
Entre deux cahots d’un autobus,
Ou même au fond d’un corps divisé, qui est resté sans muse,
Au fond d’une forme dans le regard d’un inconnu,
Dans le regard d’une veuve ténébreuse,
Au fond d’un petit regard d’une étoile lumineuse.
La pluie
Tombe
Sur la gorge de la bête,
Sur son cahier, sur ses mots qui ne peut jamais les prononcer,
Sa foi, son choix, ses souvenirs, sa haine, qui ne peut jamais les annoncer,
Sur ses rêves qui ont ce défaut de se modifier,
Sur ses doigts ‘’ De quoi sont-ils coupables ? ‘’
Sur ses mains ‘’ De quoi sont-ils coupables ? ‘’
Sur son sang accusable.
‘’ Suis-je une idée, une répétition, un mythe, un bruit sourd, un tueur,
Une lettre, une image qu’on ne regarde plus, car ce la fait peur,
Suis-je une fenêtre fermée, un être enfermé,
Faudrait-il que je m’endorme, en espérant ne pas me réveiller,
Faudrait-il que j’écrive une lettre pour qu’on m’enterre,
Je voudrais retourner au-dessous de la terre,
Avant qu’elle ne s’arrête de pleuvoir,
Je souhaite mourir calmement au nom d’une bête, ce soir.’’
Elle pleut,
Quelques étoiles pleurent,
Certains meurent,
Et d’autres tombent, perdent leurs lumières et se mettent à chanter,
D’autres sont devenus des humains voulant sauter du haut d’un immeuble pour tout arrêter,
Pour que cela s’arrête,
Pour que ce la ne fasse pas mal au crâne.
Pour que ce la ne fasse pas mal au cœur.
La pluie
Tombe,
Sur un tatouage qui résume pour qui on vit, pour qui on s’enfuit,
Et ce que notre mal atrocement dit.

Aucune magie

Aucune magie
Aucune magie
Aucune magie
Il existe quelque chose d’angoissant dans ces fêtes, quelque chose d’irréel.
Aucune magie, beaucoup de couleurs, quelques bienséances, des sourires crispés, des poignées de mains moites, des cousins gueulards et mal élevés, des décorations de mauvais goût…
Les repas de famille ne font pas envie, surtout lorsque personne n’en a rien à foutre. Voilà longtemps que les discussions s’éternisent sur des sujets inintéressants, longtemps que les enfants baillent, que le maquillage des femmes s’est barré, longtemps aussi que personne n’apprécie plus le dîner, longtemps que les photos ne sont plus regardées…
Et plus personne ne se donnera de nouvelles jusqu’aux prochaines fêtes, ou avant, si il y a un enterrement.
Aucune magie…

Et moi comme chaque année je me réfugie dans la bouffe.
Après tout, c’est ça l’idée, se regrouper autour de cette bonne grosse bouffe, hein ?
Les cadeaux ? C’était drôle quand il y avait des gosses.
Mais il n’y a plus de gosses, ni de vieux d’ailleurs.
Les innocents ont bien grandi et les vieux loups croupissent en terre.
Et moi, j’en ai rien à foutre de ce théâtre pathétique,
Alors je bouffe.
Le nez dans mon assiette,
Je me cale dans le gosier les escargots beurrés à l’ail,
Gobe sans scrupules les huîtres remuantes et suppliantes,
Dévore les crevettes roses avec les pattes et la tête,
Avale les marrons et la dinde, et la dinde,
Coule toute cette boue à grandes gorgées de champ’
Mon estomac se tend et gonfle, dix fois sustenté
Pas bien tenté d’en accueillir plus,
Mais il faut bien anesthésier la misère, le dégoût et la colère,
La rage,
De devoir grimer ses sentiments,
Désaxés dans cette absurde « cohésion sociale »,
En racontant des blagues, et en se tapant dans le dos,
Comme de bons vieux amis
Qui auraient pas de cadavre sous le tapis,
Mais là c’est pas un corps qu’on piétine avec nos souvenirs photoshopés,
On danse sur un putain de charnier !
De rancunes, mesquineries, coups de pute, sans oublier les secrets immondes,
Bombes à fragmentations dormantes
Tels les obus enfouis de la première guerre mondiale

Alors pourquoi ? Pourquoi tout ça ?
Ca sert à qui, ça sert à quoi ?!
Ca me sert à quoi, à moi ? Je sers à qui, moi, là?
Ca fait du bien à QUI cette grande menterie ?

Le fromage, mmmmh, c’est bon le fromage, hein mamie, c’est bon le fromage, hein papy,
On est pas bien là tous ensemble à se bâfrer comme des porcs ?
Vas-y remplis mon verre que je lave tout ça. J’ai l’impression de nettoyer les chiottes avec du cambouis, la merde glisse, mais ça pue encore.

Vivement la bûche, cette putain de bûche,
Qu’on déballe les cadeaux en poussant des ah ! et des oh !
Dieu que j’y trouve une guirlande et qu’avec je me pende au balcon,
Ou une gomme magique que je m’efface de cette pantomime grotesque,
Ou une paire d’ailes que j’aille m’acoquiner avec les anges et les démons, qu’importe !
Tant que je sors de là, tant que je sors de là,
Tant que je sors de là !

Mais dans les paquets rien de tout ça.
Sous les lumières bariolées du sapin rien que du néant,
Et aucune magie
Aucune magie
Aucune magie…

 

Texte en duo avec Khalid El Morabethi

Les étoiles filantes

Cher X

C’est pas des carrés, pas des conneries, c’est pas de ma faute. J’ai les mots qui blessent, me blessent. Être étrangère dans son propre univers, simple spectatrice, observatrice passive. Je crache dans ta tête, je ne veux pas que tu puisses avoir la paix. Non, jamais la paix. Déshabille-toi, enlève ton âme, retire les tissus et les mensonges, éteins la lumière et découvre ton corps . Espère sans même t’arrêter, espère sans cesse, sans prendre le temps de respirer… Les étoiles filantes me font peur, elles sont libres, trop libres pour moi. Dans le désert je me découvre, et patiemment j’attends.
Les étoiles brillent jusque sous terre. Elles sont terriblement seules dans l’immensité du ciel. Faut pas chercher le paradis. En bas, il n’y a jamais la paix. La tête au fond de l’eau d’un étang vaseux, les cheveux ondulant comme des serpents, ton corps mort d’un être à l’abandon.
Esclave qui subit, ton intimité à la vue de tous. Tout est tellement sombre, comment distinguer la mer du ciel? Tu t’es perdu dans le noir. Perdu à chercher quoi ?

Je te semble certainement confuse mais mes sentiments palpitent, chauds, violents, vivants…
J’ai plus envie de m’excuser, j’ai pas envie de bien parler, bien penser, bien décrire, je vous emmerde, je crie, suffoque, laissez moi sortir, laisse moi sortir…
Mes vêtements, déchirés… nue, je suis nue… de l’air, de l’air que je brille sans retenue avec les étoiles, sur les étoiles, sur leur traînée scintillante, et je serai libre, oui libre !
Et ne venez pas me dire, et ne viens pas, et ne viens pas tout court, laisse moi chevaucher le ciel, d’ailleurs il m’appelle, tu ne peux pas l’entendre, tu ne peux pas savoir… tu es trop là, et moi je suis trop loin…
Lâche moi, tiens moi, laisse moi, garde un bout, juste un bout, mais de loin, tiens la ficelle du ballon, et moi je pars, et puis hop, je coupe la corde et t’es là comme un con. Pardon.
Je veux plus, j’en peux plus, je t’aime, non je ne t’aime pas, j’ai besoin de toi, mais de loin, de loin, j’ai besoin d’air, je veux ailleurs, je veux liberté, je veux étoiles, voie lactée et galaxies, trous noirs et hop, plus rien, trop loin…
Et pas, pas de reviens, enfin un petit bout de ficelle… tiens, prends un cheveu, un seul, c’est suffisant, un jour peut-être je reviendrai, pour le récupérer, pour, me souvenir, de mon passé.

Adieu cher X, la comète passe maintenant.

 

En duo avec le poète Khalid El Morabethi

Coeur Don Quichotte

Des humains qui se mangent,
Des monstres qui se changent,
Des pulsions inconscientes, l’angoisse, et à coté, les sourires des anges,
Le voyageur espoir et son envie de croire,
L’envie de ne plus servir de café ou corriger les fautes,
L’envie de ne plus faire le Don Quichotte.
Des cœurs humains qui battent bien trop fort,
Et des gorges serrées,
Des cœurs humains qui battent bien trop fort,
Et des ongles rongés,
Des cœurs qui battent bien trop fort et enfermés,
Enfermés dans une répétition,
Dans une envie, un rêve, une vision,
Dans une promesse, un souhait, une conversation,
Enfermés dans un mythe devenu littéraire,
Qui s’est mélangé avec l’air,
Enfermés dans la répétition de la même chose, la même cause, la même nuit,
La répétition du qui je suis.

Le voyageur s’est arrêt et a posé son cœur
Il le contemple tandis que l’autre
Expose sans vergogne au monde ses sentiments anxieux.
Devant ses yeux il voit les hommes
Leurs secrets, leur genèse, leur identité,
Il se sent las, il se sent seul
Avec son cœur à mille à l’heure
Qui vit la vie de tous,
De tous ceux qui s’étouffent
Dans la régularité, la cadence nuancée, le confort millimétré…
Le voyageur a peur,
Et il reprend son cœur,
On pourrait lui voler,
Lui veut bien partager, ses humeurs et pulsions
Mais ceux qui l’attendent tiennent des bâtons
Pour tuer
L’horloge
Détraquée…
Le voyageur repart alors,
Aussi seul avec son cœur,
Trop gros pour un seul homme,
Car seul lui sait
Ce que le coeur contient.

 

Poème en duo avec Khalid El Morabethi

Parapluie de l’aube

Parapluie de l’aube
Cache moi du soleil
Sous ton manteau noir,
Car ses rayons brûlent mes yeux
Et ma peau de porcelaine.

Ombrelle du soir
Ouvre moi aux étoiles
Sous ta voûte vaporeuse,
Car leur éclat ravive mon sang
Et mon cœur endolori. 

Dans le creux de la nuit
Soudain une lumière
Une pierre a roulé
Un passage s’est ouvert
un chemin s’est tracé
L’obscurité a fui. 

Dans le frais du matin
Sa voix m’a appelée
Sa main a pris la mienne
“Viens vers moi, petit loup.”
J’ai repris feu ce matin.

 

Poème en duo avec Khalid El Morabethi

Le drame

Ma foi, on verra où tout ça me mène,
Ma foi, on verra où tout ces mots me mènent,
Est ce un drame au fond ?
Pourrais-je faire comme je fais souvent?
Cueillir les bourgeons poussés par les vents,
Dormir dans les bras d’un amant, puis d’un second,
Se taire enfin et se laisser consoler,
Dans l’urgence, oui l’urgence absolue de s’aimer,
Suivre les mots sans voix, et dans les bras de ses amants
Se lover. Et pleurer…
Mouiller les joues de mots crus et de violence folle,
Tarissant ainsi la source béante du néant,
Et dans les bras de ses amants s’effacer,
Et dans les bras de ses amants
Accueillir la chaleur,
Entendre battre son coeur,
S’entendre vivre.
Poème en duo avec le poète Khalid El Morabethi

Manon

 

Le vent hurle dehors, comme un amant jaloux,
La rue est déserte,
Hormis la misérable chose aux longs cheveux,
Qui attend misérablement au milieu.
Drapée d’une longue robe aussi sombre que sa chevelure,
Et d’un voile translucide qui cache partiellement sa figure,
Seuls ses yeux sont visibles et peuvent voir
Seule, elle n’a plus peur,
Seule et sourde aux diables conseilleurs
Et au reste.

Soudain ils s’animent autour d’elle
Frôlant, impatients, son petit corps frêle
Ils ne la regardent même pas, ils s’en foutent
Car le temps c’est connu leur coûte ;
Dans les sillons humains gris et blancs, noirs et gris
Manon tend sa main, calmement, et le vent la prend
Et sur sa joue fatiguée vient raviver le sang
Qui, on lui avait dit, avait coulé jadis,
Et le sang enhardi poursuit son chemin
Pour déposer la vie où les diables avaient feint
De la lui insuffler…

Il parait que son cœur est en béton armé,
Il parait que son cœur est en béton armé,
Il parait que son cœur est tombé,
Et puis rien,
Et puis …

Puis un cercueil,
Puis les mots s’effacent des feuilles,
Puis une plaque funéraire avec une phrase,
« Demain est un autre jour, ne m’oubliez pas, je serai de retour. »

 

Poème en duo avec le poète Khalid El Morabethi

Dors, petite fille

Je me mets à genoux et je pleure
Je vois en moi la petite fille et je pleure
Elle se met à genoux et elle pleure
Sa voix a été entendue
Quelqu’un pour elle a parlé
A dit la naïveté, l’être et la cruauté
La petite fille pleure
Elle est soulagée.

Puis elle se laisse bercer par une mélodie silencieuse,
Par le vent qui se calme lentement.
Elle s’endort et se noie comme une poupée de chiffon.
Elle n’est plus rien.
Il est beau ce rien,
Ses yeux, comme sa bouche et ses oreilles, sont clos.

Dors petite fille, dors
Bientôt tu seras en paix,
Bientôt tu pourras rêver
De gros nuages cotonneux
Dans lesquels te lover
D’étoiles de feutre
Qui te couvriront les yeux
Qui couvriront le feu,
Les cris et ta peur.

Dors petite fille, dors,
Pleure et dors
Ton corps endolori
Et ton âme meurtrie
Attendent patiemment.

Poème écrit en duo avec le poète Khalid El Morabethi