Texte écrit à la suite des attentats de Paris du 13 novembre 2015 et slamé au Down Town Café dans le 11ème à Paris.
J’ai fait le deuil.
Oui j’ai fait le deuil de mon immortalité
De cette croyance rassurante, de ce mythe,
De cette pensée magique, brutalement démystifiée.
Eh bien oui, je suis mortelle et ce soir, je peux mourir.
Au delà du « Je » il y a le « Nous »
Et pour nous rassurer,
Nous transformons notre peur intime en souffrance collective.
Mais que pleure-t-on ensemble au juste, si ce n’est pas le deuil de notre immortalité ?
La jeunesse saccagée ? La violence sans pitié ?
L’humanité perdue ?
Pleure-t-on parce que tout ça est trop injuste ?
Mais la vie est injuste, et le hasard amoral !
Difficile à accepter pour nous humains qui créons nos propres lois.
C’est rageant, mais il n’y a pas de logique cosmique à leur mort.
Ils n’ont pas voulu non plus faire partie de l’histoire,
Et ils ne sont même pas morts pour des idées
Enfin, pas les leurs en tout cas.
Justement, en prenant l’histoire à rebours,
J’aurais aimé leur faire écouter à ces fondus de la kalach,
Un couplet d’une chanson de Brassens, Mourir pour des idées.
Jugeant qu’il n’y a pas péril en la demeure
Allons vers l’autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l’allure, il arrive qu’on meure
Pour des idées n’ayant plus cours le lendemain
Or, s’il est une chose amère, désolante
En rendant l’âme à Dieu c’est bien de constater
Qu’on a fait fausse route, qu’on s’est trompé d’idée
Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente
D’accord, mais de mort lente
Mais on ne refait pas l’histoire,
On digère et on avance,
Parce que c’est humain de vouloir être plus fort que la mort !
Et alors !
Si ça nous permet de nous sentir vivants, allons y !
Alors, humanité perdue ?